Résurrection. La mort a plié comme le bois sec sous les mains du jardinier.

Ce dimanche est une page de joie. Notre actualité personnelle ou familiale, l’actualité du monde peuvent ne pas être dans la joie, il n’en reste pas moins que nous lisons un livre, la bible, qui nous raconte la joie immense des disciples qui 3 jours après avoir vu leur ami et maître crucifié et mis au tombeau font l’expérience de sa présence ; le voilà vivant.

C’est donc vrai. Dieu  est bien l’auteur du monde ; Dieu est bien le maître de la vie ; Dieu est bien celui qui a les clefs de l’éternité. Le Père a posé la croix du Christ dans l’embrasure de la porte du temps et la porte ne s’est pas refermée ; elle n’a pas pu se refermer ; elle ne se refermera plus jamais.
La vie qui  nous fait vivre n’est pas un prêt ; nous ne vivons pas une location, un bail de l’histoire ; nous allons vivre. Chers amis, aujourd’hui, il nous est dit : non pas vous vivrez, comme tant de charlatans racontent parfois, mais VOUS VIVEZ. Ce n’est pas pour de faux. Ce qui pouvait avoir l’air d’être un segment de temps, avec son cortège de misères et d’injustice, son lot aussi de bonheurs et de joie, ne l’est pas en réalité. Notre vie n’est pas une scène dans le théâtre du monde. Nous vivons intensément. Ou du moins, nous pouvons vivre intensément.
La foi en Jésus-Christ ressuscité est la clé de cette vie intense. Heureuse Marie Madeleine, heureux apôtres, heureux êtes-vous d’avoir cette foi qui vous fait sentir, qui vous fait comprendre, qui nous fait éprouver que de là où nous sommes, dans la vie où nous sommes, nous avons accès à l’infini, à l’absolu. La mort n’a pas retenu Jésus ; elle a plié comme le bois sec plie sous les mains du bûcheron ou du jardinier ; la mort a plié devant la force de l’amour de Jésus, un amour indestructible. Même l’horreur de la croix ne lui a pas soutiré le moindre propos de haine. Et l’on a entendu au Golgotha le premier cri de la Victoire que nous fêtons ce matin : « Père pardonne-leur ».
Les disciples ont cru déposer dans le tombeau un corps calciné de souffrance, un corps de cendre. Sans oser croire… Mais dans la nuit et le froid du tombeau, les braises de cet amour ont pris feu. Un homme nouveau est comme né. Les mots nous manquent pour le dire. Il en suffit de trois : Il est ressuscité !
Est-ce là une information ? Rien de nouveau. Si nous sommes venus à l’église ce matin, c’est bien parce que nous savons qu’il est ressuscité. Au moins, savons-nous que le peuple des croyants je veux dire l’Eglise va nous dire : il est ressuscité. Pourquoi alors venir si nous savons la fin ? Parce que, au fond de nous, nous savons, tous, peut-être de manière incertaine ou fragile, avec un coefficient de « ça dépend des jours », nous savons que c’est un début, ce n’est que le début, le début de la vie.
Ce début a commencé dans la souffrance. Non par sadisme de l’histoire ou à cause de la perversion des dieux, mais comme signe que nous avons commencé dans le réel. Nous sommes venus, corps souffrants.
Souffrance de solidarité avec le peuple Belge, peuple frère, meurtris par des attentats, comme nous l’avons été encore récemment. Souffrance dans notre corps ecclésial après quelques semaines où les coups ont plu de partout, et d’abord à l’intérieur de l’Eglise, des coups infligés par des prêtres aux plus faibles d’entre nous, des enfants. Blessures immenses que personne n’a le droit de minimiser. Coups aussi venus du Pilate médiatique très amusé à nous voir souffrir. Souffrance peut-être de nos espérances, car notre vie n’est pas facile dans notre société complexe.
Et ce matin encore, nous faisons mémoire de la souffrance des disciples, de Marie Madeleine qui se rend au tombeau. Quelle espérance est possible quand on se rend au tombeau ? S’il y a bien un endroit au monde où il n’y a rien de nouveau, où tout se trouve dans l’état exact où on peut l’imaginer, c’est le tombeau. Ce matin-là pourrait bien être pour Marie Madeleine, pour les disciples, la première fois où Jésus ne les surprendra pas.

Personne ne nous aurait raconté cette histoire, si ce matin-là quelque chose d’une lumière intérieure ne s’était pas définitivement allumée dans le cœur de Marie Madeleine, de Pierre, de Jean, des autres. Le tombeau est ouvert, le corps a disparu ; personne ne l’a jamais retrouvé et pourtant personne ne l’a jamais volé !
Les grands penseurs, les grands mathématiciens, Thalès, Pythagore, Descartes, sont venus au tombeau et ils ont dit : « je ne crois que ce que je vois ». Eh bien, il n’y a rien à voir ! En quoi crois-tu alors ?
Voilà le moment de la foi. Voilà le moment de l’Eglise, voilà le moment de chacun de nos communautés chrétiennes, et même voilà le moment de notre foi, de notre espérance, le moment de la croissance de notre vie.
Ce n’est pas être venu au tombeau de bon matin ou être venu à l’Eglise en ce jour qui fait de nous des croyants. L’apôtre, l’apôtre d’hier, l’apôtre d’aujourd’hui se reconnait à sa manière de repartir. Il faudrait écouter le cœur des baptisés de Pâques pour comprendre ce que signifie : repartir. Pratiquer, ce n’est pas venir à…  Le Christ n’est pas venu pour donner sa vie à un peuple sur le chemin du retour. Il est sorti du tombeau ; voilà le sens de la vie. Nous ne vivons qu’en sortant. Sortir de nos zones de confort, de nos certitudes sur les tombeaux.
Pour aller vers où ?
Le Christ n’a-t-il pas rassemblé les apôtres ? Marie Madeleine va vers eux. Nous irons vers ceux que nous aimons et avec qui nous vivons.
Le Christ n’a-t-il pas enseigné et dit des paroles qui ont touché les foules et changé leur cœur. Marie Madeleine va porter la bonne nouvelle de la Résurrection. Nous aurons un langage nouveau, différent, un langage espérant, un langage de pardon, de tolérance, d’amitié, d’unité.
Le Christ n’a-t-il pas nourri les siens. Les apôtres se retrouvent pour un repas. Nous irons nous aussi manger à ce repas, nous communierons pour vivre l’intimité de Dieu.
Le Christ n’a-t-il pas prié et appris à prier à ses disciples ? Nous prierons nous aussi pour allumer la lampe à l’intérieur de nous.
Voilà notre trajet.
 Nous allons vivre un baptême, le baptême de Benoît. Baptiser veut dire plonger. Plongés dans l’eau de Dieu nous ressortons lavés de nos désespérances et de nos morts quotidiennes. Puis nous recevons l’huile, signe de l’Esprit Saint ; nous sommes changés intérieurement. Alors nous pouvons repartir du tombeau. Non plus en deuil mais en joie et en fête. Nous revêtons alors le vêtement blanc ; nous sommes branchés sur Dieu. Les réseaux sociaux ne nous suffisent pas, nous sommes connectés au Christ et c’est ça qui compte le plus pour nous. Enfin, nous recevons la lumière : le Christ ressuscité » est cette lumière à l’intérieur de nous et nous-mêmes nous sommes lumière pour les autres.

Alléluia de Pâques ! Alléluia de vie ! Alléluia, il est ressuscité.


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