Une veillée autour de la spiritualité des Assomptionnistes
Une veillée
autour de la spiritualité des Assomptionnistes
Valras-Plage, le 24 juillet 2019.
Nous proposons une veillée de prière autour de l’école
spirituelle de l’Assomption.
Le chemin ouvert par Emmanuel d’Alzon vise à retrouver le
chemin de Dieu dans la société de son temps, un chemin qui a été effacé, en
particulier par la bourrasque révolutionnaire de 1789, qui sera vite relayer
dans ce travail de sape par les progrès techniques industriels et les
évolutions sociales qu’ils engendreront Dis ainsi, ce diagnostic ne semble pas
si décalé du regard que nous pouvons porter aujourd’hui sur notre monde.
Emmanuel d’Alzon veut retrouver le chemin de Dieu ; or
ce chemin passe par Jésus-Christ ; il est Jésus-Christ. Pas seulement pour
des raisons de bonne théologie mais parce que dans la foi chrétienne, le Christ
est véritablement le modèle de l’homme. Ignorer l’exemple de vie que le Christ
a donné aux hommes, c’est se priver d’un savoir sur la vie, pour ne pas dire
trop trivialement d’un savoir-vivre fondamental.
Où trouve-t-on le témoignage de Jésus ? dans la bible,
à condition qu’elle soit correctement lue et interprétée et non soumise à toutes
les fantaisies possibles. Seule l’Eglise est garante d’une lecture qui retrouve
l’homme et le conduit à la vérité profonde de lui-même. La spiritualité assomptionniste
qui se veut si proche et sensible aux hommes de ce temps passe donc par l’Eglise.
Que ton Règne vienne. Thème 1/3
Mais le monde, au long de ses circonvolutions historiques
semblent en pas vouloir se plier à cette opportunité de devenir le Royaume de
Dieu. Et il est vrai que Dieu est menacé dans son projet.
Menace d’abord en nous : chacun fait taire Dieu en
lui-même ; dieu est perpétuellement menacé d’insignifiance ou d’oubli dans
nos décisions.
Menace ensuite autour de nous, par des systèmes politiques,
économiques, sociaux, des programmes humains qui organisent la vie de l’homme à
son détriment, de sorte qu’il lui devient presque impossible de devenir pleinement
homme, à la ressemblance de Dieu. Pensons aux récits d’esclavage en Lybie, à
tous les conflits, etc…
Le moyen pur dominer la menace est d’adopter la nature même de
Dieu : l’Amour. Aimer. Sans cesse. Aimer Jésus-Christ et ceux que
Jésus-Christ a aimés : la Vierge sa mère, l’Eglise son épouse, le monde
pour le salut duquel il a donné sa vie. Arrêtons-nous un instant sur Marie :
elle est l’exemple à suivre en matière d’amour du Christ et de ceux qu’il a
aimés.
Le Royaume de Dieu demande beaucoup d’amour. Ecoutons 3 paraboles
de Jésus.
Mt 13, 24-35 : 3 paraboles sur le Royaume
24 Jésus leur proposa une autre parabole : "Il en va du Royaume
des Cieux comme d'un homme qui a semé du bon grain dans son champ. 25
Or, pendant que les gens dormaient, son ennemi est venu, il a semé à son tour
de l'ivraie, au beau milieu du blé, et il s'en est allé. 26 Quand le
blé est monté en herbe, puis en épis, alors l'ivraie est apparue aussi. 27
S'approchant, les serviteurs du propriétaire lui dirent : Maître, n'est-ce pas
du bon grain que tu as semé dans ton champ ? D'où vient donc qu'il s'y trouve
de l’ivraie ? 28 Il leur dit : C'est quelque ennemi qui a fait cela.
Les serviteurs lui disent : Veux-tu donc que nous allions la ramasser ? 29
Non, dit-il, vous risqueriez, en ramassant l'ivraie, d'arracher en même temps
le blé. 30 Laissez l'un et l'autre croître ensemble jusqu'à la moisson
; et au moment de la moisson je dirai aux moissonneurs : Ramassez d'abord
l'ivraie et liez-la en bottes que l'on fera brûler ; quant au blé,
recueillez-le dans mon grenier."
31 Il leur proposa une autre parabole : "Le Royaume des Cieux
est semblable à un grain de sénevé qu'un homme a pris et semé dans son champ. 32 C 'est bien la
plus petite de toutes les graines, mais, quand il a poussé, c'est la plus
grande des plantes potagères, qui devient même un arbre, au point que les
oiseaux du ciel viennent s'abriter dans ses branches."
33 Il leur dit une autre parabole : "Le Royaume des Cieux est
semblable à du levain qu'une femme a pris et enfoui dans trois mesures de
farine, jusqu'à ce que le tout ait levé."
34 Tout cela, Jésus le dit aux foules en paraboles, et il ne leur
disait rien sans parabole ; 35 pour que s'accomplît l'oracle du prophète
: J'ouvrirai la bouche pour dire des
paraboles, je clamerai des choses cachées depuis la fondation du monde.
Focus sur l’Esprit de l’Assomption
« De notre devise Adveniat Regnum Tuum, il découle
évidemment que nous sommes un Institut apostolique. Le zèle pour les droits de
Dieu sur la terre et le salut des âmes, voilà la forme essentielle de notre
charité ; l’oubli de nous-mêmes, l’abnégation nous sont avant tout imposés ;
nous faisons bon marché de tout ce qui nous concerne, pourvu que Jésus-Christ
soit annoncé » (Ecrits Spirituels, pp139.140) « Sans regrets trop inutiles
du passé, sans espérances trop décevantes dans l’avenir, poursuivons notre œuvre
telle que Dieu nous la propose. (…) Ni tristesse excessive ni excessif espoir ;
confiance en Jésus-Christ, en Marie, dans l’Eglise ; travail persévérant,
qu’importe le reste » (Ecrits Spirituels, pp142.143)
Vivre du Christ en moi. Thème 2/3
Le Christ est donc le modèle de l’humanité accomplie ;
il faut donc tendre à devenir comme lui. Tout dans la vie de Jésus est à portée
de l’être humain, puisqu’il a pleinement vécu de manière humaine. Même la
souffrance. On doit d’ailleurs à Emmanuel d’Alzon la célèbre prière du
crucifix, régulièrement reprise parmi les grandes prières de la tradition
chrétienne.
Il me paraît bien difficile que votre crucifix ne
devienne pour vous un ami, un confident. Les traits du Sauveur se graveront
d’une manière plus vivante dans votre âme.
Vous sentirez l’action plus immédiate de Jésus qui,
pour vous, a été attaché à la croix.
Vous voudrez vous laisser transformer en lui et dire
comme Saint Paul :
« Vivre, pour moi, c’est
Jésus-Christ. »
Votre vie vous découvrira de nouveaux horizons, si
vous vous laisser emporter par l’Amour.
Et toute vie, toute science, tout bonheur, se
résumeront, pour vous, dans ces deux mots :
« Jésus-Christ crucifié. »
Votre crucifix vous rendra Jésus-Christ présent à
l’esprit et au cœur.
Que la croix soit votre bien, votre espoir, votre vie,
votre récompense.
Père d’Alzon
Laisser l’humanité du Christ prendre progressivement la plus
grande place dans la nôtre relève d’abord d’une démarche personnelle. Il faut habiller
ses sentiments des sentiments du Christ ; c’est ce que demande saint Paul
aux chrétiens de Philippe. Cela peut signifier prendre tout simplement l’Evangile
comme boussole pour s’orienter et avancer. Au final, cela appelle à donner et à
se donner, dans un esprit de partage fraternel envers tout homme, et pour le religieux
assomptionniste, dans la volonté de construire le Royaume dans la communauté religieuse
où il vit.
Trois mots éclairent la réflexion assomptionniste : la
Vérité, qui passe par la fidélité aux enseignements du Christ comme par la volonté
d’ouvrir les champs de la connaissance en se libérant des horizons étriqués
imposés de l’extérieur. La Charité, qui doit être l’acte d’offrande de chacun,
au quotidien ; partout doivent pouvoir être allumés des brasiers où les cœurs
froids se réchauffent. Enfin, l’unité, dans le travail inlassable de bâtir des
ponts entre les hommes, entre les Eglises, entre les nations.
Lecture de la lettre de Paul aux Philippiens
2 1 Aussi
je vous en conjure par tout ce qu'il peut y avoir d'appel pressant dans le
Christ, de persuasion dans l'Amour, de communion dans l'Esprit, de tendresse
compatissante, 2 mettez le comble à ma joie par l'accord de vos
sentiments: ayez le même amour, une seule âme, un seul sentiment; 3
n'accordez rien à l'esprit de parti, rien à la vaine gloire, mais que chacun
par l'humilité estime les autres supérieurs à soi; 4 ne recherchez
pas chacun vos propres intérêts, mais plutôt que chacun songe à ceux des
autres. 5 Ayez entre vous les mêmes sentiments qui sont dans le
Christ Jésus.
Focus sur l’Esprit de l’Assomption
« Il me parait que malgré des infidélités sans nombre de ma
part, Notre-Seigneur s’empare tus les jours un peu plus de moi. C’est un mélange
de gravité, de sérieux, de simplicité, de sécheresse, de tendresse douloureuse,
d’abandon, de terreur, de renouvellement d’esprit de foi mais surtout du besoin
de beaucoup aimer Jésus-Christ et tout ce qui Jésus-Christ aime uniquement par
ce qu’il a lui-même aimé » (Ecrits Spirituels p.813)
En Eglise. Thème 3/3
Mais l’Eglise est aussi comme le poste le plus avancé de l’amour de Dieu dans noter monde. En langage militaire, l’Eglise devrait pouvoir être considérée comme la force de frappe de l’amour de Dieu, afin que l’Amour triomphe. Or, les combats sont nombreux. Le P. Emmanuel d’Alzon identifie l’égoïsme contemporain, comme l’un des pires maux. Que ses paroles semblent écrites pour nous aujourd’hui ! « L’égoïsme que je vois envahir aujourd’hui la société est une glace qui paralyse tout ».
Il faut aller vers l’amour, avec amour, car dans l’amour se
cache la vraie vie. Être inspirés par l’Esprit de l’Assomption pousse à chérir
tout esprit de communion, tout espace de fraternisation entre les hommes, à
agir dans un esprit de désintéressement, d’initiative, avec suffisamment d’audace
pour repousser la tentation de s’en tenir là !
Cet esprit qui dessine presque un mouvement pour l’existence
n’est pas un esprit proprement religieux ; il est né du partage de la mission
entre religieux et laïcs et appelle à approfondir ce partage. C’est ce que les assomptionnistes
essaient de vivre avec leurs proches laïcs sous le vocable d’Alliance.
Focus sur l’Esprit de l’Assomption.
Extrait de « Avec saint Augustin, chercheurs de Dieu et passionnés
de l’Eglise » (p.27)
La communauté n’est pas un but en soi pour Augustin. Elle n’a de
sens que pour favoriser la quête de Dieu et la vie apostolique. La communauté
augustinienne a donc une vocation profondément ecclésiale. Comme l’indique le
Père André Brombart, assomptionniste, cette vocation ne lui est pas extérieure
ou surajoutée. Quelles que soient les « œuvres » dans lesquelles elle
s’exprime, elle consiste fondamentalement à créer et à faire vivre un « tissu
communautaire » plus large. C’est pourquoi l’harmonie communautaire est le
meilleur témoignage de la Bonne Nouvelle annoncée. L’évangéliste Jean rapporte
cette parole du Christ : « Si vous avez de l’amour les uns pour les
autres, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples » (Jn 13,35).
Personnellement, Augustin aurait préféré une vie retirée, consacrée à la
recherche de Dieu. Mais, il ne s’est pas dérobé aux besoins de l’Église : « le
clerc a fait profession de deux choses, il a embrassé la sainteté et la cléricature
: la sainteté pour l’intérieur car c’est en vue de son peuple que Dieu fait un
clerc… » (Sermon 355, 6). Il a voulu communiquer sa passion de Dieu et celle de
l’homme. Nous aussi, arrêtons-nous pour regarder notre monde. Séparons le bon
grain de l’ivraie. Plus profondément encore, découvrons-y le Christ. « Vois le
Seigneur, vois celui qui est ta tête et le modèle de ta vie » (Sermon 296, 6).
Arrimé à lui, en nous appuyant les uns sur les autres, les yeux fixés au ciel,
nous aurons plus de chance de faire goûter à tous « le temps de la miséricorde
». Pour avoir pleinement part à la vie future, concentrons-nous sur la vie
présente. N’ayons d’autre désir que de communiquer le bonheur de vivre
réconciliés, en frères. Nous avons reconnu la source de toute beauté ? Alors
partageons-là en Église, avec tous !
Pour une connaissance plus approfondie de ces différents
points, voir :
·
Ecrits Spirituels du Père Emmanuel d’Alzon
·
L’Esprit de l’Assomption d’après Emmanuel d’Alzon.
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