Tentative de synthèse spirituelle autour de la figure de Marie de Magdala
Rencontrer Marie-Madeleine est affaire de mystère. Il faut accepter de n’en pas trop savoir sur elle et finalement de repartir de la rencontre en en sachant plus sur Jésus que sur elle. Est-ce une déception ? n’est-ce pas plutôt une extraordinaire chance qui nous est offerte.
On peut néanmoins tenter de rappeler quelques traits.
Marie Madeleine, femme de légende, dans tous les sens du terme…
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Légendaire avant tout
cette femme qui aurait été la mère d’un ou plusieurs de Jésus
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La très antique Tradition
de Provence fait d’elle l’évangélisatrice de Marseille et de sa région avant
qu’elle aille à la Sainte Baume finir sa vie. Tradition peut-être pas si
légendaire dans la mesure où il faut bien expliquer la présence du
christianisme en Gaule et particulièrement à Lyon dès le tout début du 2ème
siècle. Or quand on remonte le Rhône pour aller à Lyon, on part du Sud…
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Enfin, dans le sens
inhabituel de la cartographie, Marie Madeleine est la légende,
c-à-d le lieu où des informations cruciales sont données pour que puisse être
déchiffrée correctement la carte. Effectivement, percer un peu mieux l’identité
de Marie Madeleine permet de s’approcher davantage du Christ lui-même, de son
mystère comme nous le montre sans doute le premier paragraphe.
Marie
Madeleine, modèle de « fidèle du Christ »
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forçant les barrages de
la bonne tenue en société ou des lances des soldats romains et cela jusqu’au
bout, jusqu’à la mort de Jésus : à l’école de Marie Madeleine, suivre
Jésus.
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Elle attend la
résurrection. Elle l’attend pour son frère d’abord, mais davantage encore pour Jésus ;
s’accroche mordicus à l’espérance de la résurrection. Elle en
sera la première témoin.
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première prophète de la
résurrection : « Va trouver les frères et dis-leur… » lui
ordonne le ressuscité (Jn20,17). Marie Madeleine peut être pour nous
le modèle de la parole de foi qui convient, en ces temps nouveaux
inaugurés par la résurrection de Jésus il y a presque 2000 ans.
Marie
Madeleine, modèle de ministre pour l’église.
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Par son onction 6 jours
avant la Pâques (Jn12), Marie Madeleine désigne Jésus de Nazareth
comme le Christ, celui qu’il faut suivre.
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Au matin de la
Résurrection, à la demande du Christ Ressuscité, elle part annoncer la Bonne
Nouvelle de la résurrection aux frères, pour l’heure rassemblés dans et par la
peur, mais demain dans l’Espérance et en Présence du ressuscité lui-même.
Marie
Madeleine, modèle de pénitente.
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larmes de joie et de
reconnaissance après le pardon reçu en Luc 7
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avec cette note tout à
fait essentielle : le pardon n’est pas attaché à de nombreuses mortifications qui l’auraient précédé, mais à
un ’excès quelque peu désordonné de son action de grâce. « Elle
a montré bcp d’amour puisqu’il lui a été bcp pardonné »
Marie
Madeleine, modèle de l’orante, de la femme qui prie.
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Son attitude d’écoute,
aux pieds de Jésus, désigne moins la qualité de son écoute, que la radicalité,
l’entièreté de son engagement dans l’écoute et dans la quête de la Parole qui
sauve.
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Marie Madeleine témoigne
dans sa manière d’écouter Jésus et de lui parler d’une religion où Dieu prend
chair humaine, où le lien à Dieu est une relation faite de réciprocité. Avec
elle, la prière est dialogue en terre humaine.
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Les pleurs de pénitence et les cris de révolte
font partie de la prière chrétienne car ils sont écrits sur la même gamme que
les silences du cœur qui cherche son Dieu et Maître.
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C’est bien quand le
chrétien sait crier ses convictions, ses exigences ou ses implorations qu’il
rend possible en lui la rencontre avec l’Esprit de Dieu qui les permet voire
les suscite. La tension, la passion de l’âme sont comme des montées en
température des hauts fourneaux dans lesquels sont faits les meilleurs alliages
de vie humaine et de vie divine.
Marie
Madeleine, éducatrice pour nous
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Comme Marie Madeleine,
nous sommes pécheur pardonné. Vivons-nous assez dans cette
conscience de notre péché et dans l’assurance d’un pardon offert qui nous remet
debout et nous interpelle pour aller de l’avant ?
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Comme Marie Madeleine, notre
désir n’est-il pas de suivre Jésus, sur les chemins du monde et
d’écouter sa parole ? Nous passons peut-être des heures par jour à
attendre une parole qui construise un monde tel que nous l’espérons. Cette
attente, extérieurement naïve sans doute, mais profondément révolutionnaire,
c’est une attente magdaléenne.
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Marie Madeleine est aussi
femme de courage. Elle ne recule pas devant, elle affronte en face la mort de
Jésus. Elle est présente au moment de crise ; elle ne fuit
pas lorsqu’elle est confrontée à sa propre crise d’espérance.
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Enfin, à l’énoncé de son
nom, Marie Madeleine reconnaît le ressuscité ; sa rencontre se change en
révélation et sa parole en témoignage. La mission n’est alors
plus une décision et une énergie concentrée sur un objectif, mais le laissez
aller d’une fidélité que rien ne peut entraver.
Conclusion/
Marie Madeleine, Marie de Magdala est une femme qui ignore les tutelles, d’où
qu’elles viennent, et singulièrement de la bien-séance ou de la bien-pensance
(habitude de penser bien comme il faut, c-à-d « comme tout le
monde »). Marie Madeleine est de ces êtres qui laissent leurs désirs
éclairer leur intelligence et leur foi. Voilà bien pourquoi « partout
où sera proclamé l’évangile dans le monde entier, on racontera aussi, en
souvenir d’elle, ce qu’elle a fait » (Mc14,9).
Arnaud Alibert, religieux assomptionniste.
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