Relecture spirituelle de la journée des Entretiens de Valpré - 15/16 novembre 2024
Valpré, Matinale de la 22e édition des Entretiens de Valpré
Il y a d’abord bien-sûr l’improbable gémissement de la
charpente de la grande chapelle de Valpré qui a obligé tout le monde à se
déplacer dans un chapiteau. C’eut été presque mieux si l’évidence de la non-durabilité
de l’endroit n’avait pas sauté aux yeux de chacun, ouvrant tout de suite la
perspective que l’an prochain nous retournerons au centre.
Autre était le gémissement des informations, dont la
nouvelle donne politique en Amérique, plusieurs fois citée, jamais comme une
bonne nouvelle. Quel enfant politique va naitre de l’administration Trump 2ème
formule ? Le général Bertrand Toujouze n’a pas caché son analyse : « notre époque est marquée par la folie
humaine, face à laquelle on a une obligation de résultat ; on a quelques
années pour gagner la guerre avant la guerre. Aujourd’hui, il y a des grandes
contestations en face nous ».
A tout cela
pourrait être ajoutés les annonces des plans sociaux, les poussées de fièvre
antisémites un peu partout, ou le drame de la drogue comme en témoignait la Une
de La Croix distribuée aux participants. Bref une actualité lourde de menaces.
J’ai commencé
en citant saint Paul. Peut-être nous faut-il nous rappeler d’où il parle. Puisque
nous vivons une matinée de méditation et de foi, peut-être est-il bon de redire
que Paul écrit ses lettres, trempé d’espérance, dans l’assurance que le Christ
Ressuscité est vainqueur de toute tribulation et de toute mort.
Nous le savons, il n’en a pas toujours été ainsi dans sa
vie. Paul a connu un retournement sur son chemin de Damas. Permettez-moi de
croire qu’il a passé la journée avec nous hier, pour nous faire vivre à nous
aussi un retournement, nous permettant de tourner le dos aux guerres et aux tensions
en tout genre pour, ensemble, « faire société » un peu mieux. Et sa
tâche n’a pas été facile car il faut bien le reconnaitre il est bien difficile
de
faire le lien entre
l’appel au royaume tel qu’entendu dans les Evangiles et l’engagement dans
l’entreprise fût-elle une entreprise à mission. Peu se sont risqués à cet
exercice. Théo Scubla, fondateur inspiré et inspirant de Each One, entreprise
d’intermédiation pour l’emploi des réfugiés, a bien parlé « d’acte de
conviction » pour voir en grand ceux que certains appellent des « petites
gens ».
Dans un autre registre, Bénédicte Durand-Deloche, PDG
d’Althéora, a noté que les solutions passaient moins par les entreprises prises
à l’unité que par leur regroupement dans des syndicats professionnels de
filières ; on peut y voir un commencement de communion où une entreprise
isolée est une entreprise en danger, version moderne de l’adage de Saint
Augustin un chrétien isolé est un chrétien en danger. Mais cela reste des
signaux faibles. Faibles donc importants à sentir comme l’a rappelé Alexandre
Bompard, président de Carrefour, qui reconnait aussi que le plus difficile
n’est pas de les sentir mais d’en faire quelque chose. C’est peut-être ça la
clef de la journée « Faire société » passe, pardonnez-moi ce truisme,
par un faire.
Essayons de voir de quoi il en retourne. Relisons le chapitre
22 du livre des Actes des apôtres.
Paul s’adresse au peuple sur le parvis du temps de Jérusalem
et livre son récit, qui commence par le rappel d’une situation de crise :
05 le grand prêtre et tout le collège des
Anciens peuvent en témoigner. Ces derniers m’avaient donné des lettres pour nos
frères de Damas où je me rendais : je devais ramener à Jérusalem, ceux de
là-bas, enchaînés, pour qu’ils subissent leur châtiment.
Pour qui veut faire société, il n’y a
pas pire châtiment que les sigles. RSE. ESG et surtout CSRD. A la table où siégeait
Arnaud de Puyfontaine, président du directoire de Vivendi, un cri s’est même
fait entendre qui a déclenché rires et applaudissements « Pour ralentir
les USA, il faudrait exporter nos normes chez eux ».
Mais les
difficultés peuvent venir d’ailleurs et parfois nous surprendre. Comme l’an
dernier, le télétravail fait l’objet de débat. Bon dans un sens, mauvais dans
un autre. Assurément, il n’est pas une baguette magique. Pour construire un
monde meilleur, on ne sait toujours pas s’il s’agit d’un allié ou d’un ennemi
qui a lui aussi à vivre un chemin de Damas pour se faire au service du bien.
Enfin, habitué
à hanter les discussions le COVID a plané dans les discours. Il nous a valu la
confession publique d’Alexandre Bompard, Président de Carrefour : « je
n’ai pas fermé mon siège social, malgré les injonctions de le faire. » On peut le comprendre : comment manager
dans le confort de la sécurité sanitaire des personnes qui au quotidien prenne
le risque d’être contaminé ou de contaminer leur famille. Quand le travail
devient un danger, chacun doit prendre sa part. Solidarité minimale du vivre en
société.
Mais n’allons
pas trop vite. Reprenons la lecture.
ILLUMINATION : 06 Donc, comme j’étais en route et que j’approchais de
Damas, soudain vers midi, une grande lumière venant du ciel m’enveloppa de sa
clarté. 07 Je tombai sur le sol,
Ah oui,
j’allais oublier. Ce jour-là, à Valpré, hier donc, la lumière du soleil était
belle et le parc, largement visible depuis les baies vitrées, magnifiquement
drapé des couleurs d’automne.
A moins que ce ne fut le soleil de l’innovation sociale,
un soleil en forme de table ronde animée par Marie Dancer, journaliste à La
Croix. Ils sont trois entrepreneurs sociaux, dont le témoignage pendant près
d’une heure ne cachera pas les difficultés du parcours. Mais là devant nous,
ils veulent nous montrer que rien n’est perdu, rien n’est à jeter dans l’homme.
Ils interpellent notre conscience : « De quel côté es-tu ?
Celui de l’indifférence et de la peur ou celui de l’espérance ? »
Ils s’appellent
Silouane, Théo et Charles Edouard. Ils offrent un emploi à des personnes
sorties de la rue, de la délinquance ou de l’oubli dans lequel les relèguent
leur statut d’immigré. Et eux, qu’apportent-ils ?
« Ils restaurent l’honneur du métier en le faisant
bien et en vivant de lui » note Silouane. Comment est-ce possible ?
En leur apportant la considération que mérite le travailleur qui effectue un
travail difficile. Certains alors disent « on ne m’a jamais remercié pour
mon travail ». Silouane l’avoue : « ces visages illuminés sont
extrêmement beaux »
Il en est de même avec les Lulu dans ma rue, dont la
moitié sont des femmes, ou des réfugiés qui ont fui Damas. Tiens Damas,
encore !
QUESTION QUI RETOURNE :
et j’entendis une voix me
dire : “Saul, Saul, pourquoi me persécuter ?” 08 Et moi je
répondis : “Qui es-tu, Seigneur ? – Je suis Jésus le Nazaréen, celui
que tu persécutes.”
Dans son mot d’accueil, François Morinière avait donné
les termes du débat : « L’homme et la rentabilité ne doivent pas être
opposés ». Tout au long de la journée, les intervenants ont soutenu la
place de l’homme comme richesse au cœur du système. Mais la pointe de la parole
inaugurale n’était peut-être pas sur la rentabilité de l’homme ou sa capacité à
créer de la valeur mais bien cette mise en garde « ils ne doivent pas être
opposés ». Pour « Faire Société », il faut prendre tous
les éléments de l’ensemble et aucun ne doit être opposé aux autres. Il faut les
composer.
« Dans le monde politique,
confesse une ancienne ministre, il y a beaucoup de violence ; comment
peut-il rester suffisamment d’énergie et de courage pour s’engager dans le bien
commun ? » Que de combats inutiles dans nos vies,
reconnaissons-le… Peut-être nous battons-nous contre des fantômes.
VIVRE ENSEMBLE LE
RETOURNEMENT ?
(Suite de la lecture des
actes des Apôtres) 09 Ceux qui étaient
avec moi virent la lumière, mais n’entendirent pas la voix de celui qui me
parlait.
Voit-on cette lumière et entend-on
cette voix, si comme 63% des Français on se retrouve dans son jardin, demande
Jean Viard, sociologue des ruptures venu nous secouer. N’en déplaise à Voltaire
dont le héros Candide se plaisait à dire que tout va pour le mieux dans le
meilleur des mondes et dont le serviteur Pangloss ne rêver que de cultiver son
jardin, l’humanité est face à deux ruptures qu’elle n’a pas vu venir : le
prise en main du destin de l’humanité par la nature elle-même qui se rebelle
sous nos yeux et la fin du distinguo masculin/féminin qui conduit à une baisse
sans précédent de la natalité. Le diagnostic est inquiétant.
Le salut réside peut-être dans le
message de la voix, qu’il nous faudrait entendre ?
Cette voix était-elle celle
d’André Dauré, de 1964 qui disait, comme le rappelait Patrick Gilormini, maitre
de conférences à l’UCLy, aux multiples auteurs de référence « Le leader
doit avoir le souci majeur du bien-être et de la santé ; un but servir, sa
famille, son personnel, sa clientèle et son pays »
Ou bien, cette voix était celle d’Olivier Ginon, d’une
certaine manière le sauveur de cette 22e édition. L’entrepreneur
lyonnais ne s’embrasse pas de référence à Saint Simon ; il dit les choses
cash : « on peut faire des réunions en digital, mais faire société
passe par se rencontrer ».
Voilà un commencement de programme. Il nous faut
poursuivre.
QUE FAIRE ? 10 Alors je dis : “Que dois-je faire, Seigneur ?”
Le Seigneur me répondit : “Relève-toi, va jusqu’à Damas ; et là on te
dira tout ce qu’il t’est prescrit de faire.”
Les compagnons de Paul sont là médusés, ne comprenant pas
trop ce qui se passe, sentant quand-même qu’ils font partie de ce
« on » qui va devoir dire à Paul ce qu’il doit faire et l’accompagner
jusqu’à destination. Qui sont-ils ?
Peut-être Isaure de Zélicourt, directrice du fonds du
bien commun, visant à la transformation de la société,
Jacques Olivier Abitboul, du groupe JJA, à la tête de
2400 collaborateurs, qui propose de réenchanter l’intérieur de nos maisons ou
encore Jerry Knock, qui ramène de ses nombreuses expériences cette conviction
que la culture du pays disparait dans les entreprises ; celles-ci
aujourd’hui ont une culture « monde » ; Faire société pour elles
c’est avant tout vivre en transversalité. Cette transversalité, si elle n’est
synonyme que de performance et d’optimisation des risques manquera l’objectif
du Faire société ; Mais si elle lui permet d’être attentive aux fragilités
cachées, alors elle y contribuera. Cela demande de se réveiller. Réveil, le mot
est lâché. Réveil des consciences, tout le monde a compris.
« Relève-toi » dit le Seigneur.
C’est justement ce qui est arrivé à Elisabeth Moréno,
ancienne ministre déléguée à l’égalité des femmes et des hommes, à la diversité
et à l’égalité (de Jean Castex). Avec pudeur, elle nous raconte son histoire
qui dit qu’elle est née dans une colonie portugaise, le Cap Vert ; sa
famille connait un drame familial qui l’amène en France. Devenue adulte, elle vit
une délivrance, un retournement, une forme de chute de cheval
managériale qui lui est salutaire. On lui avait mis sur le cœur depuis son
enfance « tu ne réussiras pas ». Mais un jour, un homme se croyant malin
lui dévoila par son machisme et le mensonge de cette phrase qui l’écrasait : « cela
m’a permis d’être leader comme je le souhaitais »
COMPLEMENTARITE : 11 Comme je n’y voyais plus rien, à cause de l’éclat de cette
lumière, je me rendis à Damas, conduit par la main de mes compagnons.
Elle est belle cette fraternité des compagnons de Paul. A
moins que cela ne soit qu’une amitié sociale. Non, c’est bien une fraternité, a
affirmé le père Jean Marie Petitclerc, célèbre éducateur salésien, dans sa
table ronde, pour qui la force d’une chaîne se mesure à la résistance maximale
du maillon le plus faible ; c’est lui qui donne le ton. Le prêtre ne va
pas jusqu’à parler comme le général 4 étoiles de la fraternité d’armes ;
mais on comprend que ces deux hommes se retrouvent dans la parole du militaire
pour qui cette fraternité « est le seul moyen de permettre à des gens de
faire des choses extraordinaires ». « La fraternité c’est un devoir »,
reprend l’éducateur, un devoir comme celui de guider un aveugle. Cela ne
souffre aucune négociation. Rodolphe Pasquier Desvignes, directeur de la
fondation Saint Irénée sait bien pour sa part que les occasions de rendre
service aux plus faibles créent des amitiés durables car elles font appel à une
part de soi « rarement mobilisée par l’entreprise » selon ses
termes. Aussi inconfortable que cela soit, il faut inverser les termes de la
dialectique selon la théologienne Dominique Coatanéa. Saint Paul passe de
persécuteur à apôtre, les pauvres passent de personnes qui ont de grands
besoins à personnes aux multiples capabilités.
Alexandre Mars, marié et père de 4 enfants, croit à ces
retournements. Il est philentrepreneur, un beau mot pour un beau métier. Son
témoignage s’écoute comme un conte qui aurait lieu dans la belle ville grecque
de Corinthe, une autre ville chère à Saint Paul. Le roi de la cité s’appelle Sisyphe.
Il est fourbe et trompe les dieux. Sa punition est terrible, nous rappelle
Alexandre Mars : rouler une lourde pierre au sommet de la montagne qui
surplombe la ville pour al voir redescendre dès qu’elle en haut et devoir la
remonter par la pente qu’elle vient de dévaler.
Alexandre Mars sait qu’il n’en aura jamais fini avec son
projet, pourtant si simple : « Je sais pourquoi je suis là, pour
être au service des autres ; c’est un objectif de vie que je
n’atteindrais jamais ; c’est comme le mythe de Sisyphe. » Plus
songeur, il continue : « J’ai eu de la chance. La chance existe mais
les chanceux n’existent pas car j’ai beaucoup travaillé avec beaucoup de
sacrifices : « Une des raisons majeures de mes succès : savoir que je
ne sais rien. Je pars du principe que je ne sais rien. La beauté de la vie est
de ne pas savoir. Cela me fait apprendre, en discutant avec des experts dont
j’ai besoin pour qu’ils m’expliquent. Le reste, je sais que ça va marcher car
ma mère nous a submergé d’amour ; je l’appelle tous les jours où elle me
donne de l’amour. A cause de cet amour, je ne peux pas imaginer une seconde que
je ne m’occupe pas de ceux qui n’ont pas grand-chose ; nous sommes leurs
obligés. Si on ne s’occupe pas des gens, il n’y a pas de futur et peu de
présent »
Voilà donc où il nous faut aller.
DENOUEMENT 12 Or, Ananie, un homme religieux selon la Loi, à qui tous
les Juifs résidant là rendaient un bon témoignage, 13 vint se placer près
de moi et me dit : “Saul, mon frère, retrouve la vue.” Et moi, au même
instant, je retrouvai la vue, et je le vis.
Pour croire à
ce chemin de Damas, on a besoin de rencontre au moins une personne qui sort du
lot. Une personne dont la lumière intérieure rappelle un tant soit peu la
lumière venue du ciel qui nous a retournée. Hier, Ananie s’appelait Olivier
Finaz.
Oliver raconte : « nous
travaillons avec des repris de justice ; nous n’avons pas de
référentiel ; il faut prendre des risques pour faire le pas de la
solidarité, du vivre ensemble, de la fraternité
Chaque jour nous portons un regard
d’espérance sur la fracture sociale : le pire serait de vivre comme si de
rien n’était »
Sa foi se fait communication. Il
poursuit
« Ce qui est extra c’est qu’on
découvre des jeunes qui ont des talents, ils avaient simplement besoin de
confiance, et de fierté. Ils sortent d’un milieu défoncé et nocif ;
l’entreprise est un monde qui peut les ouvrir. Donner de l’espoir à ceux qui
n’ont plus d’avenir, voilà ce que nous voyons. Il faut donner envie de vivre.
Un pas fait à temps en vaut 100. »
Certains parmi nous étaient un peu
perplexe en commençant la journée. Même après une matinée d’échange, ils n’y
voyaient toujours pas clair. Alors oui, Olivier Finaz nous a fait recouvrer la
vue. L’histoire de la doctrine sociale en acte, comme le professent les Entretiens
de Valpré, peut alors continuer à être écrire.
« Bien sûr, nous ne sommes pas
des experts » avons-nous
aussi entendu à cette table ronde où siégeaient aussi Laurent Cousin de
Sodexho, Bénédicte Durand Deloche d’Altheora et Gilles Vermot- Desroches de
Schneider Electric. « Les deux indicateurs stratégiques en
général : le pifomètre et le trouillomètre » Ce dernier le
reconnait d’ailleurs : « Mélanger le bien commun, le vivre
ensemble et l’entreprise : on n’y arrive pas ». Il faut avant
tout faire, selon la parabole du colibri, en se rappelant, selon ses termes «
qu’empêcher les jeunes de repenser le monde est une erreur ; cela nous
bloque demain. »
Ouvrir un demain souhaitable. Voilà
l’objectif. Nous sommes informés, prévenus, peut-être même nous sentons nous
appelés.
Le récit de saint Paul peut maintenant
s’achever.
LA MISSION DES ENTRETIENS DE
VALPRÉ 14 Il me dit encore : “Le
Dieu de nos pères t’a destiné à connaître sa volonté, à voir celui qui est le
Juste et à entendre la voix qui sort de sa bouche. 15 Car tu seras pour
lui, devant tous les hommes, le témoin de ce que tu as vu et entendu.
Voilà donc un nouvel avenir qui s’ouvre. Il nous faut y
croire. Peut-être n’est-ce qu’une utopie mais les utopies sont des idées
motrices. C’est en tout cas ce que pense Cédric Van Styvendael ! Le maire
de Villeurbanne, 19e ville de France, 150 000 hab, dont la moitié de la
population a moins de 30 ans, a pris le temps de nous montrait l’importance de
l’utopie. Dans la salle quelques personnes, dont le président des Entretiens de
Valpré, qui semblaient avoir lu l’Utopia de Thomas More dressèrent les oreilles.
« J’ai 3 utopies
1.
Le Bien Commun se joue dans le partage des richesses en faveur de
l’environnement, comme, nous y invite l’encyclique Laudato Si
2.
La multicultualité de notre cité est un fait indépassable ; il faut
savoir se parler avec cœur pour ne pas donner prise à la violence ; sinon,
aujourd’hui, quoi que je dise, j’ai tort
3.
Développer la culture et la beauté ; avoir une utopie de la
beauté en créant de l’imaginaire positif et sensible »
On compte sur lui pour le faire.
Alexandre Bompard, de Carrefour, en fin de journée lui en donne la mission :
« L’intérêt général se fait dans la haute administration et dans la
politique. Mais, ajoute-t-il, les changements se font par les
entreprises, qui ont une part de la transformation à faire ».
Certes, comme le dit ce premier patron
de France, « seule une entreprise performante peut prendre en charge
des sujets de transformation sociale. » Mais les JO ont été là pour
montre que quand c’est possible, ça se fait vraiment.
On le comprend donc après une journée
d’échange. Les organisations, entreprises, PME, fondations, start-up, etc. ont
les moyens de faire quelque chose. Elles ne peuvent décemment pas rester
spectatrice des bouleversements sociétaux que nous vivons. Pascal Rémy,
président de la SNF nous a bien rappelé la pensée de Jean Tirole : « l’entreprise
ne doit pas avoir trop de mission ». Pas trop, pas toutes certes, mais
au moins celle-là !
Elles peuvent être motrices des changements
vers le bien, et nous aider à faire des pas en avant vers le Royaume de Dieu.
Comme tout un chacun cela ne se fera pas sans le retournement de certains de
leur posture, sans une conversion de leur regard.
Fabien Lejeusne, lors du mot final, a
noté que plusieurs fois il avait été dit dans la journée «
On est à Valpré, on peut le
dire », attestant que ce lieu est celui d’une parole, sinon qui libère, du
moins qui semble comme libérée de certaines convenances ou limitations propres
au milieu professionnel. Personne n’est dupe : il ne s’agit pas de
s’ériger en prophète, mais peut-être simplement de croire à voix haute,
d’espérer plus fort que d’habitude. « Faire société » ça commence
peut-être par-là, par cette confiance qui permet l’échange de paroles autres.
Confiance en quoi ? Confiance dans l’ascenseur
social de Carrefour, que son PDG nous dit être pur et parfait. Là, c’est sans
doute exagéré.
Confiance en l’homme ? Alexandre Mars, déjà cité, nous
avait mis sur la route : « pas vraiment, car il est imparfait ;
c’est une douleur. »
Confiance dans la vie souffle-t-il : « Là où
j’ai le plus de joie c’est dans les lieux difficiles ; j’ai simplement
besoin d’avoir du temps et de l’empathie pour vivre cela »
Confiance en Dieu finalement, même si son
nom n’a pas été prononcé.
Peut-être est-ce tout cela que nous
devons demander dans cette matinée spirituelle, du temps et de l’empathie, ces
deux ingrédients essentiels pour « Faire société » et Dieu pour faire
advenir le Royaume, comme aiment à le dire les Assomptionnistes à l’origine de
ces Entretiens.
Ayons l’audace des apôtres, de saint
Paul en l’occurrence, pour nous y aventurer.
Je vous remercie.
P.Arnaud Alibert, assomptionniste,
Rédacteur en chef au journal La Croix
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