Jean-Baptiste et les jeunes qui font le djad.
Je publie ici l'homélie du père Bernard Boissezon, qui sera toujours mon curé, puisqu'il a été celui de mes trois premières années de ministère. il livre ici une réflexion très éclairante: le choix de Dieu n'est pas celui de la toute-puissance! Merci Bernard.
Je veux regarder ce phénomène du départ au djihad de jeunes de chez nous comme un symptôme de maladies diffuses dans notre société. Heureusement ces maladies ne produisent des symptômes violent qu'exceptionnellement.
Comme chrétiens nous avons un témoignage à porter car nous croyons que Dieu sera présent dans notre avenir et dans l'avenir de nos sociétés. Nous croyons que le monde n'est pas abandonné à lui-même mais qu'il est accompagné. Ce témoignage est difficile à porter car nous sommes marqués, nous aussi, par la société où nous vivons.
la Bible que nous lisons
n'évacue pas la cruauté, la violence et la mort mais elle nous dit que le mal
n'aura pas le dernier mot. Elle nous dit que le Christ est vainqueur
du mal et de la mort et qu'il nous accompagne dans les
difficultés présentes pour nous associer à sa victoire.
1/ Il ouvre une espérance. Il annonce la venue de celui qui est plus grand que lui, plus puissant que lui, celui que les humains attendent pour être réconciliés avec Dieu. Celui qui baptisera dans l'Esprit Saint. Jean annonce un avenir avec Dieu, grâce à celui que l'évangile appelle le Christ.
Homélie du 3ème
dimanche de l'Avent; évangile de Jean 1/6-8;19-28
Des jeunes de
notre pays, éduqués dans nos villes et villages, élèves de l'éducation
nationale … partent « faire le Djihad » en Syrie ou ailleurs
! Ils
sont issus, nous dit-on, de « familles normales » souvent athées (il est bien
d'être athée pour être normal aujourd'hui) mais pas toujours. Ce fait est un
vrai traumatisme pour la population française et plus largement européenne. Traumatisme
bien plus grand pour les familles atteintes par ce phénomène.
Il nous faut évidemment
éviter de grossir le fait qui ne concerne qu'un tout
petit nombre. Il nous faut aussi nous rappeler que toutes les sociétés
connaissent, à leur marge, des phénomènes d'extrémismes violents
(rappelons-nous des brigades rouges, des mafias...). Personnellement je m'oppose
à toute condamnation globale et sans appel de notre
société. Ce type d'attitude effraie sans apporter la moindre solution.Je veux regarder ce phénomène du départ au djihad de jeunes de chez nous comme un symptôme de maladies diffuses dans notre société. Heureusement ces maladies ne produisent des symptômes violent qu'exceptionnellement.
Je vais
souligner deux maladies. Elles ne sont pas nouvelles ! Ce ne sont pas des virus
que l'on vient de découvrir, ils existent depuis fort longtemps.
La première
c'est le manque d'espérance (on dit aujourd'hui que l'on
n'offre pas aux jeunes des « perspectives »). Nous avons du mal à nous
tourner vers l'avenir et à croire que cet avenir peut être bon. Alors nous
nous étourdissons dans la consommation, dans l'obsession pour le changement
(le
changement c'est tout le temps !), le renouvellement des objets, des
activités...
C'est un
leurre car notre avenir ne dépend pas de la qualité ni de la quantité de nos
objets mais de la qualité de notre être, de nos
relations. Les jeunes générations ressentent fortement ce manque d'espérance.Comme chrétiens nous avons un témoignage à porter car nous croyons que Dieu sera présent dans notre avenir et dans l'avenir de nos sociétés. Nous croyons que le monde n'est pas abandonné à lui-même mais qu'il est accompagné. Ce témoignage est difficile à porter car nous sommes marqués, nous aussi, par la société où nous vivons.
La deuxième
maladie c'est le mensonge … souvent le mensonge par omission, par
dissimulation. « On ne nous dit pas tout » s'exclame
une humoriste. Le mensonge c'est de ne pas parler de la mort. Le mensonge
c'est de pas parler de certains souffrances que l'on fait
subir aux enfants (par les séparations, les modes de garde, les rythmes de
vie). On ne peut pas éviter toute souffrance mais on peut leur permettre de
s'exprimer et les accompagner. Le mensonge c'est d'oublier de regarder
en face la violence, celle de la société et celle qui est au coeur de chacun de nous.
J'entends dire
dans les médias « Il est inadmissible qu'au XXIème
siècle il se passe des choses comme ça ! » Mais qui a dit que le XXIè
siècle était meilleur que les autres ? Il est dangereux de nous
croire meilleurs car nous risquons de nous démobiliser de la lutte
nécessaire
contre
le mal, le mal autour de nous et en nous.
Éduquer ce
n'est pas cacher le mal mais apprendre à le discerner,
à
le combattre et aussi apprendre à le subir
quand
on ne peut l'éliminer. Éduquer c'est apprendre à gérer
la violence, à la canaliser, à la maîtriser, à l'orienter comme énergie dans
la bonne direction.
Comme
chrétiens, là encore, nous avons un témoignage à porter car
Pourquoi vous
dire cela aujourd'hui ? C'est Jean-Baptiste qui m'a conduit sur ce chemin. Jean
Baptiste nous montre le chemin. Il est un homme exemplaire pour trois
raisons :
1/ Il ouvre une espérance. Il annonce la venue de celui qui est plus grand que lui, plus puissant que lui, celui que les humains attendent pour être réconciliés avec Dieu. Celui qui baptisera dans l'Esprit Saint. Jean annonce un avenir avec Dieu, grâce à celui que l'évangile appelle le Christ.
2/ Jean Baptiste
est aussi l'homme à la parole forte qui dénonce le mal, le péché, qui
n'a pas peur de parler aux gens simples comme aux puissants. C'est l'homme de
la parole de vérité.
3/ Jean Baptise
est aussi l'homme humble par excellence. Il ne se
prend pas pour le Christ. Il accomplit la charge qui lui est confiée. Il dit « Je
suis la voix » (qui crie dans le désert) il se considère seulement comme une voix,
comme le porte parole de quelqu'un d'autre. Par son espérance, par sa
parole de vérité (dénonçant le mensonge), par son humilité
Jean est le
modèle du chrétien et de la communauté chrétienne dans le monde d'aujourd'hui.
Bernard Boissezon
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