Brexit, Blanxit... Dieu nous appelle à partir: EXIT!
Prédication
Valpré le 26 juin 2016
Par rapport au
Royaume de Dieu, vous êtes plutôt « in » ou « out » ;
vous vous dites : « leave » ou « remain ».
Nous avons commencé cette célébration en évoquant ce que nous
avons vécu cette année ; nous avons aussi commencé à
apercevoir ce que nous sommes appelés à vivre. Dieu semble nous
dire ici : Accueille, sois et
construit.
Accueille
l’Évangile. Rien de nouveau dans cette injonction. Et
pourtant, il nous faut nous la redire sans cesse. C’est comme en
amitié : on a des amis qu’on ne voit pas assez. Qui peut dire
ici : « mes amis, je les vois assez ; j’ai ce qu’il
me faut » ? Ne faisons-nous pas tous cette expérience que
nous voudrions plus les voir et qu’il y a sempiternellement des
embûches dans nos agendas pour les temps d’amitié. Oui, il y a
des embûches entre notre vie et la vie selon l’évangile.
Qu’allons-nous
faire face aux embûches. Méthode de Jacques et Jean.
Jacques et Jean sont en Samarie ; ils sont en butte à un
village qui ne veut pas recevoir Jésus. Ils se tournent alors vers
Jésus et demandent : « veux-tu que nous ordonnions que le
feu du ciel fonde sur eux ? ». Chapeau le discernement !
Face à l’embûche, une seule solution : la destruction !
Comme si Jésus leur avait donné le pouvoir ou même l’autorisation
de détruire ! Eh oh !les disciples, tout ce qui vous est
donné est pour aimer et non pour détruire. Ce
village de Samarie qui nous refuse, il est à aimer, comme vous,
comme tout le reste. Seul l’amour ouvre les portes des villes,
des maisons, des cœurs ! Du ciel, du royaume du Père, ne tombe
pas le feu qui détruit mais la lumière qui éclaire.
Face aux
embûches, que fais Jésus ? Quel modèle de vie il nous
donne ? Sois un être d’Esprit. Le combat, mais
attention le bon combat : le combat qui ne fait aucune victime !
Redisons-nous bien ceci : le seul sang que Jésus a sur ses
mains, c’est le sien ! Le combat n’est jamais contre
quelqu’un, mais contre les forces de mort qui habitent les hommes,
ce que saint Paul appelle la chair. Nous avons entendu les règles de
jeu dans la seconde lecture. D’un côté la chair, à savoir ce que
nous avons été, ce que nous avons l’habitude d’être et de
l’autre, l’Esprit, ce que nous avons à être, ce que nous sommes
appelés à être. Celui qui gagne, c’est celui qui se laisse
conduire par l’Esprit, par l’appel, par la logique du devenir
plus grand, du devenir meilleur.
Pour combattre,
il ne faut pas avoir les 2 pieds dans un même sabot ; il faut
être d’attaque ; il nous faut être libre. Or, nous
avons été libérés ! « Mais depuis quand sommes-nous
libres ! Je n’ai été libéré de rien du tout ; je suis
toujours meurtri par les mêmes péchés et le monde, c’est
pareil ! ». Je connais bien cette révolte ;
nous l’avons tous en nous : nous voudrions voir les effets de
notre libération. Or, les signes de notre liberté ne se laissent
qu'entrevoir . Ils vont de cette simple prière le matin : « je
te bénis Seigneur qui me conseille » (Psaume de ce jour)
jusqu’à « si vous vous laissez conduire par l’Esprit, vous
n’êtes plus esclaves de la Loi » (2ème lecture.
Galates).
C’est un peu
paradoxal ce que je vais dire, mais c’est ainsi : le
combat contre les embûches est un combat qui se fait dans la paix.
Vous voulez la paix ? Ne détruisez pas la chair ;
simplement ne la laissez pas commander. C’est l’Esprit que nous
suivons. C’est une des grandes règles de la spiritualité :
pour que la foi commande, il faut que la peur disparaisse. Le
contraire de la force n’est pas le doute mais la peur. C’est
pourquoi la bible nous redit tous les matins : « ne crains
pas ». Les 365 occurrences bibliques de ce « ne crains
pas » pour chacun des 365 jours de notre calendrier. Être
libéré de la peur ; se comprendre comme libéré de la peur,
voilà la clef ! C’est le fruit de la confiance. Là commence
le Royaume de Dieu.
Accueille
l’Évangile. Sois sans crainte, sois un être d’Esprit. Et
maintenant, bâtis, construis.
Étendre le
Royaume de Dieu en nous et autour de nous, dit la devise des
assomptionnistes. Oui, nous le ferons parce que nous aurons enlevé
l’embûche de la peur. Reste à savoir ce que nous allons
concrètement vivre, sous la conduite de l’Esprit, avec Jésus
comme ami, libéré de la peur. C’est là que l’évangile de ce
jour qui parle bien du royaume- il n’y a pas d’erreur là-dessus-
pourrait nous décevoir. On n’est pas dans le discours des
béatitudes : « heureux les pauvres de cœur, le
Royaume des Cieux est à eux ». Jésus est ferme. Il ne
veut pas tricher : bien sûr, on n’entre pas dans le Royaume
de Dieu par la violence et la destruction. Mais ce n’est pas non
plus open bar ! Le Royaume de Dieu s’ouvre à celui qui
le désire et donc à celui qui le choisit.
Jésus donne
trois critères. Nous appelons cela les conseils évangéliques.
Dans le psaume 15, nous disions tout à l’heure « Je bénis
le Seigneur qui me conseille ». Les conseils évangéliques
sont la manière d’être de Dieu dans notre quotidien, dès le
matin. Ces 3 conseils : pas même de pierre pour reposer
la tête ; pas le temps d’enterrer ses proches ; pas le
droit d’embrasser les siens.
Ça fait peur !
Eh bien, non ça ne fait pas peur, car justement nous avons
chassé nos peurs ! Et puis ce sont là des images, des
paraboles, des enseignements de Jésus. Depuis quand avons-nous
peur des enseignements de Jésus ? Cet enseignement est radical,
mais la radicalité fait partie de l’Évangile et de la Bible. Dieu
nous appelle à la racine de nous-mêmes. Le suivre, c’est
forcément faire un choix radical, qui ne voudra pas de compromis. La
seule chose est de comprendre à quelle place se situe la
radicalité ?
Cela touche au discernement de notre
vocation baptismale. Au nom de notre baptême, nous sommes appelés à choisir
radicalement le Christ. A chacun d’envisager sa manière de le faire, sous le
regard de Dieu. De l’extérieur, on peut distinguer 3 niveaux, sachant bien sûr
que la variété des positions est infinie. Premier cas possible: la radicalité du Royaume est à
l’horizon de mes actions. J’ai entre les mains les outils
d’ici-bas et je vise le Royaume : ceux qui travaillent avec
moi font l’œuvre de Dieu, sans le savoir peut-être. Autre
possibilité : la radicalité de Dieu est le sol sur lequel je
m’appuie et je la donne à voir dans le monde. Je ne suis pas
fanatique, mais tout en moi est croyant. Comme le disait le
P.d’Alzon, je suis catholique d’un seul tenant. Ou alors, 3ème
possibilité, la radicalité est ma façon de vivre, car je sais que
si je ne choisis pas l’Évangile radicalement, je le mettrai de
côté. Est-elle un peu des 3 ? En tout cas, la radicalité est
là et nous appelle.
1er
enseignement, ça commence fort ! Combien dans notre monde
sont comme Jésus : pas une pierre où reposait la tête ?
Être prêt à donner même la pierre sur laquelle hier j’ai posé
ma tête. Inspirons-nous de la générosité du groupe Partage, de
notre solidarité avec Madagascar, etc... La pauvreté c’est aussi
le combat contre la démesure ! Elle est tapie partout ; il
y a des petites démesures, quotidiennes, des gaspillages qui mis
bout à bout menace notre terre ; des démesures occasionnelles,
comme certains mariages et des démesures outrancières. On a parlé
du Brexit. Mais avez-vous entendu parler du Blanxit ? Non. Le
Blanxit, c’est le fait que Laurent Blanc ait quitté le PSG dont il
n’est plus désormais l’entraîneur. Pour le consoler, les
dirigeants du club lui ont fait un chèque-cadeau de 22 millions d’€.
Vous le savez j’aime bien les chiffres ; et celui-là, il est
superbe. Avez-vous calculé ce que représente le Blanxit? Un Smicard
gagne 1152 € net. 22 millions cela représente ce salaire de 1152 €
versé tous les mois, non pas pendant toute la vie du smicard qui
nettoie les gradins du Parc des Prince en 19 097 mois, soit 1591 ans.
Un homme qui a commencé comme ouvrier du bâtiment à Rome, Rome
détruite par les invasions et qui a travaillé tous les mois jusqu’à
aujourd’hui.
2ème
enseignement, l’obéissance. « Suis-moi
dit Jésus ». N’est-ce pas au nom de l’obéissance que je
suis arrivé contre toute attente il y a 2 ans et au nom de cette
même obéissance que je repars, toujours contre toute attente en ce
mois de juin. L’obéissance c’est le lot quotidien des religieux,
mais c’est aussi celui des couples, des familles et des
organisations ; la vie religieuse c’est un peu tout cela à la
fois. Je suis envoyé à Debrousse pour monter un foyer étudiant
vocationnel et j’ai à leur faire découvrir les vœux : pour
l’obéissance, je leur ai proposé ceci : avoir une âme de
chevalier, l’âme chevaleresque, expression chère à notre
fondateur. C’est déjà pas mal s’ils apprennent à obéir plus à
leur parole qu’à leurs instincts !
3ème enseignement, la juste distance :
« ne regarde pas en arrière ou de côté » : ne
fais preuve ni d’un attachement qui stérilise l’action, ni d’un
éloignement synonyme de mépris. En un mot, la chasteté. Qui nous
concerne donc 24h/24 et non pas seulement de 22h00 à 5h du matin. La
chasteté c’est le refus absolu de devenir un prédateur, de mettre
la main sur autrui, de laisser notre appétit s’emparer de lui et
le dévorer, au mépris de tout le reste. C’est une grande source
d’inspiration pour l’action, pour la relecture de l’action,
pour la vie des communautés chrétiennes. C'est aussi un
esprit de justice vis à vis de l'avenir : l'avenir a droit à
notre concours, à notre soutien, à notre engagement.
Prions alors
le Seigneur de nous donner l’art de la bonne distance, l’âme
chevaleresque, le sens de la mesure pour que nous soyons des ouvriers
en son Royaume.
Seigneur
guide-nous, conduis-nous, sois présent à chacun de nos pas. Viens
auprès de nous et deviens le fondement de tout ce que nous vivons
ici. Fais nous aussi venir à toi et devenir instruments entre tes
mains. Nous te confions Valpré et ce qui s’y engage, ceux qui y
vivent, ceux qui y travaillent, ceux qui ne font qu’y passer.
Préserve les des embûches du mensonge et de l’égoïsme, affermis
leur cœur pour qu’ils ne soient pas dans la peur et répands sur
nous l’esprit des bâtisseurs. Amen.
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