Edito du provincial assomptionniste


Mot de notre Supérieur Provincial aux communautés de la Province d’Europe

« La pensée positive », la « méditation de pleine conscience », la « pensée confiante »… Voici un échantillon des dernières modes arrivées d’outre-Atlantique! Un site Internet spécialisé dans ce domaine se présente ainsi: « un site dédié au développement personnel qui met l’accent sur la productivité, la motivation et le bonheur […] nous traitons des principaux sujets relatifs au développement du corps et de l’âme. » Je ne sais pas si vous êtes allés guetter ce qui se recherche de ce côté-là, mais il me semble que nous ne pouvons pas rester indifférents à ces quêtes de nos « vieux pays chrétiens » qui réorientent leur recherche de bonheur et de spiritualité, en s’émancipant de plus en plus des sources du christianisme. Car, tout de même, la mission que nous a confiée le Seigneur n’est-elle pas d’annoncer une Bonne Nouvelle? De rendre compte de l’Espérance qui est en nous? D’indiquer la voie d’un véritable Bonheur? Et si, en ce temps de Carême, nous ravivions l’Espérance, la Pensée positive, la Bienveillance, pour notre Monde, pour l’Église, pour notre famille religieuse!

Espérance pour notre Monde! Notre espérance chrétienne ne s’appuie pas simplement sur une pensée positive qui soulignerait uniquement ce qui va mieux dans notre monde, en essayant de voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide… C’est, certes, une belle démarche et effectivement notre regard est souvent déformé car les médias parlent plus volontiers du train qui déraille que des milliers de trains qui fonctionnent bien. Mais notre espérance chrétienne est d’un autre ordre, elle nous dit que notre monde a un sens, qu’il s’inscrit dans un projet créateur, qu’il chemine vers sa plénitude; que les souffrances du temps présent sont celles d’un enfantement; qu’il n’y a pas de commune mesure entre les ces souffrances et le Royaume de bonheur préparé pour nous (cf. Rm 8). « En ce sens, il est vrai que celui qui ne connaît pas Dieu, tout en pouvant avoir de multiples espérances, est dans le fond sans espérance, sans la grande espérance qui soutient toute l’existence (cf. Ep 2, 12). La vraie, la grande espérance de l’homme, qui résiste malgré toutes les désillusions, ce ne peut être que Dieu » (Benoît XVI, Spe Salvi n° 17) En ce temps de Carême serons-nous capables de cultiver ce regard de foi et d’espérance sur le monde et de le partager?

Bienveillance pour l’Église! Si nous nous arrêtons uniquement aux figures des derniers papes, puisque la tradition assomptionniste nous invite à être particulièrement attentifs à soutenir leur rôle au service de l’Église et du Monde, que de motifs de joie et d’espérance! Paul VI, Jean-Paul II, Benoît XVI, François ne vous semblent-ils pas spécialement correspondre aux défis de leurs époques? François, en tout cas, est un formidable don de Dieu pour l’Église de notre temps! Oui, la pratique diminue dans nos vieilles chrétientés, mais l’Église n’a jamais été aussi en phase avec le message de l’Évangile me semble-t-il! Même les scandales financiers ou de mœurs de ces dernières années sont autant de crises qui ont permis à l’Église de reprendre le chemin de la vérité, de l’humilité, de la conversion… Et ces chrétiens qui se mobilisent pour l’accueil de leurs frères migrants ou en difficulté! Et ces congrégations qui, dans les pays du sud, notamment, pallient les manques de l’État, s’engagent aux côtés des orphelins, des malades, des élèves, des jeunes en quête d’avenir! En ce temps de Carême, serons-nous capables d’élargir notre regard sur l’Église, d’être bienveillants envers elle et de témoigner de sa croissance selon la logique de l’Évangile?

Pensée positive pour notre famille religieuse! Faut-il le rappeler, il y a 400 jeunes en formation dans notre congrégation dont une soixantaine de novices chaque année… Avec la grande famille de l’Assomption, nos frères, nos sœurs, nos amis laïcs, nous avons la chance d’être présents sur de nombreux fronts et d’être des relais entre les peuples d’Asie, d’Afrique, d’Amérique, d’Europe et même d’Océanie. Le patrimoine spirituel et apostolique hérité de notre fondateur et de nos prédécesseurs me semble toujours plus d’actualité: lutter contre la sécularisation, aider chacun à s’approprier avec intelligence sa foi chrétienne, être au service du dialogue entre les peuples, entre les cultures, entre les religions, entre pauvres et riches… Face aux replis identitaires, cléricaux, piétistes, présents sur tous les continents, nous avons toute notre place à tenir! En ce temps de Carême, aurons-nous le goût de la bienveillance, de l’enthousiasme, d’une pensée positive envers nos frères, nos sœurs, nos communautés, nos amis laïcs engagés à nos côtés? Alors pensée positive, ou espérance chrétienne à partager, pour le Monde, pour l’Église, pour notre Famille religieuse? 

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