Laïcs et religieux, la collaboration

 La collaboration laïcs-hommes d’Église est le grand mouvement qui porte l’Église aujourd’hui. On peut l’originer dans le Concile Vatican II (1962-1965) ; en réalité il est fondé dans l’expérience même des disciples autour de Jésus, celle des premiers chrétiens. Qu’importe l’histoire, l’actualité nous montre combien on ne peut plus faire marche arrière aujourd’hui. J’entends parler du courage du pape François dans son opération de blanchiment des pratiques économiques et financières du Vatican. Que notre pape soit courageux, je n’en doute pas, mais en cette matière, il est surtout conséquent : il a confié cette opération à des laïcs, qui font désormais leur travail. 




Car c’est cela la révolution tranquille de l’Église : les laïcs ne sont pas des aides-aux-prêtres, ou des prête-noms pour le clergé ; leur dignité d’Enfants de Dieu est pleinement à l’œuvre dans les responsabilités qu’ils exercent dans l’Église. Certes, ils ne sont pas la solution aux problèmes de l’Eglise ; ils n’en sont pas les sauveurs car ils ne font ni plus ni moins d’erreurs que les clercs. Mais, ce qui est nouveau et qui a le plus de valeur à mes yeux c’est qu’ils ont à faire leur job « en conscience », une conscience dont ils ont la charge qu’elle soit bien éclairée de toutes les lumières de la foi et de la raison. Ils ne sont plus ou ne doivent plus être sous le régime de l’obéissance qui les fait répondre à l’ordre du bureau d’à côté, mais sous celui d’une obéissance plus noble, plus profonde et plus impérieuse, celle de l’ordre du Christ à Simon-Pierre : « prends soin de mes brebis. » Jn 21,15.

Il faut souhaiter que ce mouvement continue, que les laïcs au service de l’Église engagent leur intériorité dans leur travail, qu’ils puisent au cours de l’exécution de leur tâche les ressources de la foi. Bien-sûr cela peut donner le vertige aux clercs, car d’une certaine manière c’est une dépossession. Mais en apparence seulement ; en réalité, c’est une révélation : l’Église n’a jamais appartenu qu’au Christ, comme le dit Saint Paul au chapitre 3 de sa première lettre aux corinthiens : « Qu'est-ce donc qu'Apollos, et qu'est-ce que Paul? Des serviteurs, par le moyen desquels vous avez cru, selon que le Seigneur l'a donné à chacun.  J'ai planté, Apollos a arrosé, mais Dieu a fait croître,  en sorte que ce n'est pas celui qui plante qui est quelque chose, ni celui qui arrose, mais Dieu qui fait croître/ v5-7 » (…) « vous êtes au Christ et le Christ est à Dieu/v.23 ».

Révélation. Consolation. Collaboration.

AA

 

Repères :

Un nouveau D.A.F. au Vatican

Coup de semonce

Un nouveau directeur nommé à la tête du « gendarme financier » du Vatican

L’Italien Giuseppe Schlitzer a été nommé président de l’Autorité d’information financière du Vatican mercredi 15 avril. Il succède à Tommaso Di Ruzza, mis en cause dans l’enquête sur de possibles malversations financières.

  • Xavier Le Normand (avec Vatican News), le 15/04/2020 à 18:11

 

 

Selon Vatican News, le nouveau directeur, Giuseppe Schlitzer, est diplômé en économie et commerce de l’Université Federico II de Naples et « s’est spécialisé en économie aux États-Unis à l’Université de Chicago et à l’Université George Washington ». MARIA LAURA ANTONELLI/MAXPPP

 

Le pape François a bel et bien repris en main l’Autorité d’information financière (AIF), le « gendarme financier » du Vatican, chargé de la lutte contre les activités illégales dans les domaines financier et monétaire. Après un changement de président en novembre dernier, l’institution se voit désormais dotée d’un nouveau directeur, Giuseppe Schlitzer, nommé ce mercredi 15 avril par le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin.

Mettre fin aux tensions

Selon le bulletin quotidien du Saint-Siège – toujours laconique – Tommaso Di Ruzza, nommé directeur de l’AIF en janvier 2015, avait en effet « conclu son mandat quinquennal ». Son départ était toutefois tenu pour acquis depuis plusieurs mois, Tommaso Di Ruzza étant un des collaborateurs du Vatican visés par des perquisitions à la rentrée dernière dans le cadre d’une enquête sur « des opérations financières effectuées il y a un certain temps », selon les explications fournies à l’époque par le Bureau de presse.

Une note de la Gendarmerie vaticane – destinée à rester confidentielle mais publiée par des médias italiens – avait même interdit l’accès au petit État à Tommaso Di Ruzza, ainsi qu’à quatre autres employés du Vatican.

Quelques jours après la révélation de ces informations, un communiqué de l’AIF publié à la demande de son président stipulait que « ni le directeur [Tommaso Di Ruzza] ni aucun autre fonctionnaire de l’AIF n’ont rempli leur fonction de manière inadéquate ni eu aucune conduite incorrecte ». Dans la foulée, le Vatican avait réagi en indiquant que le président de l’AIF ne serait pas renouvelé dans ses fonctions. La nomination désormais d’un nouveau directeur semble vouloir clore ce chapitre de tensions entre l’AIF d’une part et d’autre part la justice vaticane et la Secrétairerie d’État.

Selon Vatican News, le nouveau directeur, Giuseppe Schlitzer, est diplômé en économie et commerce de l’Université Federico II de Naples et « s’est spécialisé en économie aux États-Unis à l’Université de Chicago et à l’Université George Washington ». L’Italien est « l’auteur de nombreux essais sur la macroéconomie et la finance, les prévisions économiques, la gouvernance et l’éthique des affaires », poursuit le média officiel du Vatican tout en mentionnant que Giuseppe Schlitzer est vice-président de l’Institut international Jacques Maritain.

En plus de Giuseppe Schlitzer, un nouveau vice-directeur a été nommé à l’AIF. Il s’agit de Federico Antellini Russo, un économiste italien qui collabore avec le « gendarme financier » du Vatican depuis 2015.

 

Scandales financiers au Vatican, le coup de semonce du pape François

Analyse 

En limogeant le cardinal Angelo Becciu, le pape François entend poursuivre le chantier de transparence financière entamé en 2013.

·         Loup Besmond de Senneville, à Romele 27/09/2020 à 14:35 ; Modifié le 27/09/2020 à 16:21

 

Serait-ce ce que certains appellent la suite du nettoyage des Écuries d’Augias ? Avec la démission annoncée dans la soirée du jeudi 24 septembre par le Vatican, aussi forcée que fracassante, du cardinal Angelo Becciu, accusé de malversations financières, le pape François a voulu marquer un grand coup.

L’archevêque italien, qui fut entre 2011 et 2018 le très puissant substitut de la Secrétairerie d’État, et depuis préfet de la Congrégation des causes des saints, est désormais non seulement privé de son poste à la Curie, mais aussi de toutes ses prérogatives liées au cardinalat, dont celle de participer à tout conclave.

Placements hasardeux

Ce qui lui est reproché ? À la fois d’avoir piloté, plus ou moins directement, des placements hasardeux de fonds provenant du Denier de Saint-Pierre (destiné aux plus pauvres) ayant entraîné plus de 450 millions d’euros de pertes, mais aussi d’avoir favorisé les entreprises de ses trois frères.

D’après ces accusations, détaillées dès vendredi 25 septembre par l’hebdomadaire L’Espresso, le cardinal aurait fait bénéficier une Caritas diocésaine, dirigée par son frère Tonino, de 700 000 € ; aurait favorisé l’entreprise de menuiserie de son frère Francesco pour restaurer des églises en Angola et à Cuba pendant qu’il y était nonce ; et aurait également ordonné à plusieurs organismes liés à l’Église de passer des commandes auprès d’une entreprise de distribution de boissons tenue par Mario, le troisième frère.

Autant d’accusations niées en bloc par l’intéressé au cours d’une conférence de presse organisée dès le lendemain à deux pas de la place Saint-Pierre, et au cours de laquelle l’intéressé a exposé sa défense devant les journalistes, durant quarante-cinq minutes.

Limogeage soudain

Ce limogeage soudain – le cardinal lui-même n’était pas au courant avant d’entrer chez le pape – laisse une partie de la Curie en état de choc. Interrogées par La Croix, plusieurs personnes travaillant dans des dicastères ont fait part de leur sidération quant à la méthode du pape François, qu’elles jugent « abrupte » ou « brutale », en précisant toutefois ne pas avoir d’éléments pour juger le fond du dossier.

Au-delà de l’événement exceptionnel que constitue le licenciement d’un haut responsable de la Curie, qui plus est cardinal, il s’inscrit dans le chantier de transparence financière entamé par le pape François depuis son élection, en 2013.

Le cardinal George Pell, ancien numéro 1 du Secrétariat à l’économie du Vatican avant d’être incarcéré en 2019 pour des accusations d’agressions sexuelles dont il a été totalement blanchi par la justice australienne en avril 2020, ne s’y est d’ailleurs pas trompé. « Le pape François a été élu pour nettoyer les finances du Vatican. La partie est longue et il doit être remercié et félicité pour les développements récents. J’espère que le nettoyage des écuries continuera à la fois au Vatican et à Victoria », a-t-il écrit sur Twitter quelques heures après l’annonce de la démission forcée du cardinal Becciu. Lequel n’a pas caché, vendredi, ses rapports pour le moins « conflictuels » avec le cardinal australien.

Un juge anti-mafia au tribunal du Vatican

De fait, ce coup de semonce sonné par le pape François apparaît comme l’aboutissement des travaux d’enquête lancés en juillet 2019, à la suite d’un signalement par la « banque du Vatican » – l’Institut pour les œuvres de religion (IOR) – d’une demande, par le cardinal Becciu, d’une somme de 150 millions d’euros pour le motif, jugé flou, de « raisons institutionnelles ». Signe de l’attention particulière du pape sur ces dossiers financiers, le Vatican annonçait d’ailleurs en octobre, trois mois plus tard, l’arrivée du juge anti-mafia Giuseppe Pignatone à la tête du tribunal du Vatican.

 

Au-delà du pape François, la gestion des finances a en fait toujours constitué, une sorte de caillou dans la chaussure des évêques de Rome. « Dans les temps récents, chaque pape a dû faire face à ces questions de financements, détaille l’historien Christophe Dickès. Paul VI était très attaché à la bonne gestion, mais il y avait sans doute chez lui une forme de naïveté lorsqu’il faisait confiance aux gens pour gérer les biens. Jean-Paul II, au contraire, était très méfiant, et avait tendance à mettre en place des systèmes parallèles. »

Quant à Benoît XVI, il fut celui qui poussa les institutions financières du Vatican à se conformer aux critères internationaux en matière de lutte contre le blanchiment d’argent. C’est d’ailleurs le pape allemand qui créa, en 2010, une Autorité d’information financière du Saint-Siège dont l’objectif affiché était alors d’empêcher tout blanchiment d’argent sale. Et c’est sous l’égide de cette autorité, dont les pouvoirs ont été renforcés dès 2013 par le pape François, que la banque du Vatican avait annoncé en 2016, la fermeture de près de 5 000 comptes suspects.

 

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