Prédication sur la paix

Ecclesia Campus – Grenoble – Salle Le Summun – 3000 étudiants.

Veillée festive et de d prière. Samedi 31 janvier 2015.

Prédication sur la paix

 

Quand on a préparé cette veillée à l’aumônerie de la catho de Lyon, on s’est dit qu’on voulait aussi partager avec vous un temps de prière. Comme on fait le mercredi soir chaque semaine.
Ce soir, on voudrait prier avec vous pour la paix.  3000 cœurs tournés vers Dieu pour la paix.
On vous propose de contempler l’icône de « Marie, trône de la sagesse » et la croix, comme pour nous laver les yeux de ce que nous avons vu, trop vu en boucle, il y a trois semaines.
 
Je m’étais habitué à la paix ! Je me disais : quelle chance ! Mon arrière grand père a connu les deux guerres mondiales, ma mère est née à Paris le mois même où le camp d’Auschwitz était libéré de son horreur, et moi je suis vivant dans un monde en paix.

Et puis voilà, depuis quelques jours, les responsables nous annoncent que nous sommes en guerre. Et qui est l’ennemi ? C’est une poignée d’hallucinés, que notre société a laissé grandir dans la folie et le goût pour la terreur, sans qu’il n’y ait eu personne pour leur dire : Hé stop ! on est là pour apprendre à s’aimer ; on va pas se tuer ! Ni pour un verset, ni pour un dessin.

Ta foi, à quoi elle te sert dans ces cas-là ? Moi, elle me dit ceci :
Il existe bel et bien  ce chemin où les hommes se parlent, se comprennent et même, on peut dire, se construisent mutuellement. Ça s’appelle la fraternité.
Le mot il a été inventé après la chose ; la fraternité elle nous est naturelle, même si elle est fragile. Alors moi ce soir, je veux prier pour la fraternité. Je veux m’adresser à tous les hommes comme saint Paul le faisait dans ses lettres en disant « frères ». Aux Corinthiens, il leur dit : « Frères soyez joyeux, vivez en paix ». Alors ce soir je prie.

Seigneur envoie-nous encore Saint Paul, qu’il aille à Barbès et qu’il aille à Lunel, qu’il aille dans tous les halls d’immeuble, dans toutes les zones pour redire : « hé, mes frères, soyez joyeux, vivez en paix »

Nous savons tous que la paix elle commence au creux de nous-mêmes. Dans ce creux là, il y a de tout et parfois, ce tout il n’est pas très bien rangé. Parfois, c’est de l’extérieur que l’agitation arrive et met tout en désordre.

Dans ce cas, vouloir la paix, c’est pas se taire ou rester immobile ; c’est d’une certaine manière se mettre debout, se dresser et vouloir être plus fort que ce qui nous déstabilise : le mal, le péché.
L’Évangile nous montre que Jésus se met parfois en colère. Mais sa colère est différente de la nôtre. Vous savez pourquoi ? Jésus, quand il se met en colère, c’est jamais pour sauver un idéal ou une position sociale ; il sait très bien que les idéaux, le prestige, la raison d’Etat ça finit toujours dans le sang ; le sang qui coule ça sera même bientôt le sien.
Jésus, il se met en colère quand il y a un homme à terre que personne ne veut soigner, quand il y a un homme malade le jour du sabbat et que les pharisiens veulent l’empêcher de le guérir, ou quand il y a des marchands dans le temple qui prennent l’argent des pauvres pour les courber encore plus alors que le temple est là pour les remettre debout ! Oui, là, Jésus il se met en colère.
Il se met en colère pour restaurer le faible, l’oublié, celui qui souffre, pour établir un ordre plus juste, pour une paix qui dure.

Alors ce soir, je prie pour une terre renouvelée où habite la justice, parce que ce sera le Seigneur qui sera le seul juge et le seul maître des colères. Je prie donc pour qu’il y ait plus de solidarité, plus de fraternité, moins d’exclusion, bref plus d’amour en acte et en vérité comme dit St Jean dans sa lettre.

Nous nous sommes là et nous pouvons commencer à être des artisans de paix  dans nos amphis, dans nos labos, au bureau, partout. Nous pouvons prier les uns pour les autres.

Seigneur, il y a mon amie, mon camarade, mon frère ou cet inconnu qui est là à côté de moi. Il ou elle est peut- être en train de bouillonner dans une situation de stress, ou de difficulté.
Seigneur, fais baisser la tension. Apprends lui à écouter, apprends lui à attendre un peu, apprends lui à regarder l’envol de la colombe en son cœur.
Apprends-lui qu’il faut un peu de temps pour que le soleil se lève. Cela ne sert à rien la guerre, la lutte, la haine. Avec la violence, les choses ne vont pas plus vite ; elles font seulement plus mal. La violence des gestes, la violence des mots, la violence des sentiments.

Seigneur, apprends-nous à vivre comme si tu étais juste là à côté de nous, comme si tu venais à l’instant de nous enseigner les béatitudes. « Heureux les artisans de paix, ils seront appelés fils de Dieu »

Je pense aussi à Marie. Je me confie à elle ; je lui confie aussi ma voisine, mon prochain ; elle sait très bien ce que je recherche, la paix intérieure ; elle en connait le prix.

Vierge Marie, intercède pour nous. Ton fils nous a promis le don de l’Esprit, l’Esprit consolateur, Celui qui sanctifie.
A notre tour ce soir, avec toi Marie, nous voulons dire oui à l’Esprit.

Cet Esprit qui nous fait nous souvenir des paroles qui ont bâti l’Eglise dans la bouche des apôtres. Ainsi, « le Royaume de Dieu n’est pas affaire de nourriture ou de boisson, nous dit saint Paul, il est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint. ».
Seigneur, nous attendons ce Royaume, nous le voulons. Voici nos bras, voici nos cerveaux, voici nos forces, voici nos colères aussi. Bâtissons ton Royaume selon ta volonté.
Ouvre tous les cœurs et tous les esprits, toutes les mentalités, toutes les habitudes pour que ton œuvre de justice, de paix, de joie prennent chair en nous et autour de nous.
Sois béni Seigneur pour toutes les grâces dont tu nous as déjà fait le don, pour tout l’amour déjà reçu de Toi mais ce soir entends d’abord notre soif de paix.
Donne-nous ta paix ô Dieu. Fais en nous la Paix.
 

Amen.

 [Texte préparé pour la prédication. Le prononcé, fait sans support, aura pu être légèrement différent.]