Prédication du 15 mars 2015 : Notre seule nation, c’est Jésus-Christ !

Dimanche 15 mars
Quatrième dimanche du carême

Prédication.

Notre seule nation, c’est Jésus-Christ !

Quelle page d’Evangile ! Nous ne sommes qu’au début de l’Evangile de Jean, au chapitre 3 et déjà nous voyons la croix et derrière elle le soleil de la résurrection et de la vie éternelle.
De là déjà, nous contemplons l’histoire des hommes et des peuples, avec la nuit de ses folies et les réveils lumineux de ses prises de conscience par lesquels la vie a pu passer.
Chers amis, il n’y a pas d’un côté notre vie intérieure où s’accueille l’Esprit Saint et de l’autre notre vie civile et sociale livrée à ses propres forces. Notre histoire de péché n’est pas différente de la longue série des fautes des nations.

  • Quand la bible comme aujourd’hui parle du dévastateur roi de Babylone Nabuchodonosor, et du « messianique » roi de Perse, Cyrus, bref de l’histoire politique et militaire d’Israël, elle parle aussi de nos fautes et de nos grâces.
  • Inversement, quand saint Jean dans cet Evangile dit : « quiconque croit en le Fils Unique ne se perd pas mais obtient la vie éternelle » il dit aussi que nos sociétés, nos nations doivent quitter la peur et croire à leur haute destinée, croire à leur capacité à accueillir le Royaume de Dieu, d’une certaine manière à anticiper la béatitude éternelle. Voilà la vraie sécurité qui nous est possible de connaitre. Par la foi, autrement dit, sans la peur, sans la haine.

Je fais trop de théopolitique comme d’autres font de la géopolitique ? Alors, je simplifie : en Jésus-Christ, tout converge ; tout s’unifie. En lui, nous avons notre paix intérieure et notre paix extérieure. Il est bon de se le dire et de le redire. Nous n’avons pas d’autre nation que Lui.
Ma nation, c’est Jésus-Christ, voilà où je vis !

 Slide 1 : le combat de la lumière

Le brave Nicodème vient voir Jésus de nuit pour vérifier s’il est bien l’Envoyé de Dieu ! Affaire cruciale pour le peuple ! Question essentielle pour lui sans doute : que deviendra-t-il s’il suit Jésus ? que devra-t-il traverser ?
Dans ce dialogue d’homme à homme, Jésus ne lui ment pas : il lui met devant les yeux le tableau de la marche de l’humanité. A lui de comprendre, de croire et de le suivre.

 « La lumière est venue dans le monde » dit Jésus.
Evidence. La lumière n’est pas venue du monde ; elle est venue dans le monde. Nous marcherions encore dans les ténèbres sans cette venue. Ceux qui prétendent nous éclairer avec des discours flatteurs sont des charlatans !

 Jésus le dit à sa manière : « les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises. Celui qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dénoncées »
Ce n’est pas vrai que la France superbe et militaire du temps de Louis XIV vivait au soleil. Ce n’est pas vrai qu’en s’ouvrant à d’autres, elle s’est diluée. Ce n’est pas vrai qu’en se reprenant, en se fermant sur elle-même et en jouant solo, elle connaitra un nouveau jour. Ce discours ne donne aucune lumière. Prudent et fourbe à la fois, ce discours ne nous mène pas à la lumière, parce qu’il sait qu’il y serait dénoncé comme un mensonge, une œuvre mauvaise comme dit Jésus.

 Et Jésus conclut : « mais celui qui fait la vérité vient à la lumière, pour qu’il soit manifeste que ses œuvres ont été accomplies en union avec Dieu. »
La seule lumière, c’est celle qui vient dans le monde, par Jésus ; la seule lumière, c’est l’Evangile. Plus qu’une simple lumière, c’est notre loi, interne et externe, autant que possible. L’Evangile, c’est notre ambition spirituelle et sociale !

[Aux jeannettes présentes dans l’assemblée] :
Ce que je vous dis est trop compliqué ou vous rase ? Alors je vais le dire tout autrement.

Il y a 10 ans je vivais dans mon presbytère de Montpellier avec un autre prêtre, très sympa, un ami, un « comme moi ». Au bout de 2 ans, nous nous connaissions par cœur, nos habitudes, nos qualités, nos défauts ; on arrivait à slalomer entre tout ça et du coup, on ne se disputait jamais.
Aujourd’hui, je vis en communauté de 10. Nous sommes trois prêtres français : un breton, un alsacien, un « du Sud ». Et il y a César, le 4ème prêtre, qui est Roumain. Est-ce plus simple ? NON. Est-ce plus calme et pacifique ? non ! Mais, alors qu’est-ce qui me plait ? C’est plus lumineux !
Et je n’ai pas encore dit le plus beau : à ces 4 Européens, il faut ajouter 2 Africains, un Togolais, un Burkinabé et 4 Asiatiques, à savoir 3 Vietnamiens et 1 Coréen. Est-ce plus simple ? NON. Est-ce plus calme et pacifique ? NON ! mais c’est plus lumineux ! ô combien plus lumineux !
Est-ce que nous pouvons penser une seule seconde qu’il n’y aura que des français au Paradis ? Si la terre devenait aujourd’hui le paradis, il y aurait en proportion : 4 asiatiques, 1 africain et 5 occidentaux ! vous voyez, dans ma communauté, on y est presque !
C’est plus clair ainsi ? La foi, la vie avec le Christ c’est la même chose à l’intérieur de nous et à l’extérieur. Vous voulez le paradis intérieur, construisez le paradis autour de vous ! Voilà comment on devient de bonnes Jeannettes !
 
Slide 2 : Sous quel jour sommes-nous ?

Nous sommes en 2015. Je voudrais évoquer ici 2 anniversaires,  un triste centenaire et un beau cinquantenaire.

Mars 1915 : dans les tranchées, les soldats se font face ; l’hiver a été rude ; il n’en finit pas. Il en reste encore 3 à vivre ou plutôt trois pour y périr ! C’était il y a 100 ans, nos gouvernements abreuvés de discours nationalistes et donc haineux de leurs voisins jetaient dans des tranchées des millions de jeunes gens et de jeunes parents. Ces tranchées deviendront des fosses communes. On a calculé que si au lieu de faire défiler les soldats alliés victorieux sur les Champs Elysées on avait fait défiler les morts de cette folie nationaliste, le défilé aurait duré non pas 4 heures, mais 11 jours et 11 nuits !

Voilà le tarif de la haine et de la religion de la frontière, une religion sans Dieu, une religion sans cœur !

Hiver 1965 : Le concile Vatican II est en gestation de ses derniers grands textes, ceux qui vont emporter l’Eglise dans un mouvement décisif d’ouverture et d’accueil de l’homme, de tout homme. L’Eglise en cet hiver 1965 est en train d’accoucher d’un discours sur elle-même qui lui ressemble : une Eglise refuge des peuples opprimés, table de tous les dialogues, sanctuaire du Christ libérateur.

Hiver 2015 : de quelle histoire sommes-nous les fils ? et dans quel avenir mettrons-nous nos enfants ? de qui parle le deuxième livre des Chroniques dans notre première lecture quand il dit : « En ces jours-là, tous les chefs des prêtres et du peuple multipliaient les infidélités, en imitant toutes les abominations des nations païennes, et ils profanaient la Maison que le Seigneur avait consacrée à Jérusalem. »
De qui parle-t-il donc ? Des dirigeants d’Israël il ya 2500 ans, de nos dirigeants d’aujourd’hui ou de ceux qui pourraient le devenir demain, par un étrange retour de l’histoire sur elle-même.

La leçon est simple, claire : chaque fois que l’homme a cru posséder sa terre et a cru qu’il pouvait se donner à lui-même et finalement à lui seul ses propres lois pour servir ses propres intérêts, son entreprise a échoué : la bête est venue, de l’intérieur ou de l’extérieur, mais elle est venue. Elle porte le nom de l’ambition et de la toute-puissance sur son front ; elle fait preuve de violence ; elle donne l’illusion de la victoire, mais cela n’a qu’un temps, le temps de l’illusion. Bientôt vient son effondrement et l’effondrement est complet comme dit Jésus (Mt 7,27).

La lumière du Christ est sur la croix : il n’y possède plus rien, pas même le moindre vêtement. La seule chose qui lui reste : sa vie, l’Esprit de son Père. Il va tout Lui remettre. Pour ne rien posséder.
Je vous dis là ma conviction la mieux ancrée : c’est là que Jésus éclaire le plus la marche des nations. Il crie à chacune des nations : ne crois pas posséder tes frontières, tes langages ou même l’âme de ton peuple. Le nationalisme est une arme de guerre qui se retournera contre toi et dont tu seras la première victime. Au lieu de posséder par soustraction aux autres, laisse toi prendre dans le projet de Dieu.

Dieu a-t-il déjà détruit des nations ? Oui, clairement nous dit la Bible, il a anéanti les nations païennes et châtié son peuple quand il était dans l’orgueil et le nationalisme sans Dieu. Mais aux nations qui écoutent sa voix, il a ouvert les portes de Jérusalem, autrement dit de la cité de Dieu. Toutes les nations monteront dans la cité de Dieu qui sera la cité de la paix.
Oui, sur la croix, Jésus crie au peuple de Jérusalem : regarde le fruit de ta peur et de ta fermeture. C’est la mort de l’homme.
Cette mort, nous le croyons Dieu n’en veut pas ! Il a ressuscité le Christ.

Nous convertir en ce temps de carême, ce n’est pas rejouer la vie de Jésus. C’est vouloir vivre d’emblée notre être de résurrection.
Laissons-nous gagner intérieurement par lui.
Laissons la miséricorde de Dieu que les textes d’aujourd’hui chantent de tant de manières nous conformer au projet de Dieu, un projet qui ne connait pas de frontière, ni intérieure, ni extérieure.
Prions.

Slide 3 : une prière de fraternité
Seigneur Jésus, tu es venu abolir toutes les divisions entre les hommes et mettre à bas toutes les hiérarchies et les prétentions à la supériorité. Aide-nous à désirer l’ordre de Justice que tu as établi pour nous les hommes. Aide-nous à construire un monde sans peur, sans mur. Nous t’en supplions, ne nous laisse pas prendre les chemins de haine de toutes les phobies qui ont toujours mené les hommes à la barbarie. En ce temps de carême où nous cherchons à vivre l’essentiel, envoie sur nous ton Esprit-Saint et convertis nos cœurs! Amen.

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